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ENTRETIEN AVEC LE PERE OLIVIER DE FONTMAGNE

 

Quelle est l'histoire de vos cordes vocales ?

 

Je suis né le 2 mai 1940. J'ai fait du théâtre et du chant. Et je suis prêtre de l'ordre des Jésuites.

En 2007, je suis allé aux Etats-Unis, puis au Québec où j'ai attrapé une grippe assez sévère. Je suis alors rentré à Washington pour faire une radiographie, puis en France pour faire de l'orthophonie car ma voix était alors très faible. La présence d'une tumeur non cancéreuse a été découverte sur mes cordes vocales. On m'en a débarrassé. Puis ma voix a encore faibli de plus en plus. J'avais une deuxième tumeur, qui, elle, était cancéreuse. Une première chimiothérapie a bien marché, mais n'a pas totalement éliminé la tumeur, on m'en a donc fait une deuxième. Quelque temps après, ma voix a encore chuté: j'avais une nouvelle tumeur, je m'en suis débarrassé après 40 séances de radiothérapie. Mais j’ai encore eu un nouveau cancer, les médecins ont alors décidé de me supprimer les cordes vocales.

 

Depuis votre opération, avez-vous observé un obstacle ou une gêne pour votre vocation ? 

 

Comme vous le savez, je suis prêtre et la parole est un outil principal pour ma mission. Mes cordes vocales m'ont posé problème, mais ne m'ont pas empêché de mener à bien ma vocation.

En 2010, je suis allé dans plusieurs pays comme la Bolivie, le Pérou ou encore en Haïti. Je devais donc parler anglais et espagnol. L'anglais était assez compliqué car c'est une langue beaucoup moins gutturale que l'espagnol ou le français.

 

Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans votre vie de tous les jours ?

 

Déjà, comme vous avez pu le remarquer au cours de notre entretien, je ne peux parler qu'à voix basse. Ensuite, j'ai dû faire de l'orthophonie, ce qui m'a permis de mieux maîtriser ma nouvelle manière de parler, mais aussi de réapprendre à boire. En effet, dans les premiers temps, sans corde vocale, je ne buvais que de l'eau gélifiée, puis en poudre, puis pétillante, car l'eau plate ne se sent pas dans la gorge. Par conséquent, on ne pense pas à bloquer le larynx pour ne pas nous étouffer.

De plus, mon autre problème se présente lorsque je parle longtemps. J'ai la tête qui tourne et les yeux qui se voilent à cause d'une sur-oxygénation, car je n'ai pas de corde vocale pour bloquer l'air et j'en consomme donc beaucoup plus.

Durant les conférences ou retraites que je donne, beaucoup de personnes me disent qu'elles aiment bien ma voix, car elles doivent rester beaucoup plus à l'écoute. Quand je parle dans certaines occasions à un gros groupe, j'utilise un micro et un haut-parleur destinés à une vingtaine de personnes ou une sono plus importante quand je parle à une plus grande assemblée, mais cela n'arrive pas très souvent. Une semaine de retraite a, cependant, tendance à me fatiguer plus qu'auparavant. 

Par ailleurs, il est maintenant plus difficile pour moi de prendre part à une conversation dans un grand groupe, car un fond sonore important empêche les gens de m'entendre.

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